En 1985, il démarre ce qui sera, sans doute, son œuvre majeure, la série des Espaces. Des œuvres en papier qui combinent plusieurs techniques par collage et superposition, entre sculptures et bas-reliefs, comme une synthèse et un dépassement de ces deux formes d’expression. Lebadang fait fabriquer son papier au Moulin de Larroque à Couze, en Dordogne, un papier pur chiffon fait main, très épais qu’il déchire à la main et colle par strates superposées jusqu’à obtenir une sorte de paysage en « relief », un paysage vu du ciel. Les premiers Espaces sont monochromes, blancs ou noirs. A cette époque, il s’intéresse aux vues aériennes des géoglyphes de Nazca de la photographe américaine Marilyn Bridges. Il y voit un lien entre l’homme et le Cosmos.
Plus tard, Lebadang insère dans ses Espaces des gravures en relief qu’il rehausse d’aquarelle. En 1995, les Espaces deviennent des mobiles peints recto verso qu’il suspend. Le fond est à base de papier avec un apport de matière par collage et superposition et l’adjonction de sable. La forme est découpée et peinte avec des figures ou des formes en creux.
Luc HO
« A bien y regarder, l’œuvre de Lebadang paraît lunaire, silencieusement lunaire. Des espaces que l’on observe de haut, où le dénivelé et les aspérités du terrain nous rappellent les « terra incognita » des premiers explorateurs. Comme si cela était le royaume des esprits, le refuge de la mémoire des morts. Au premier regard, une œuvre où l’œil balaie des contrées glaciales et désertiques, où seule une nappe bleue vient nous faire soupçonner la présence d’un lac ou d’un glacier. Entre la sérénité et le silence qui précèdent les tempêtes Lebadang devient l’architecte de la nature. »
François Nédellec
(Conservateur du musée de la Castre à Cannes)